La poésie du 24
dimanche 24 août 2008, par
Pour le mois d’août, on se tournera vers un poète quasiment disparu des librairies, Emile Cottinet, vous pourrez peut-être trouver une oeuvre de lui sur ebay ou chez les vendeurs des quais, mais ne cherchez pas sur Internet à en savoir plus sur lui, vous n’apprendriez que peu de chose. Pas plus de numérisation pour lui sur Gallica. Il s’agira donc plus cette fois de découverte que de commentaire.
Le poème proposé, "Alassio", est extrait de L’Album lyrique et sentimental, publié notamment au sein de la revue Vers et Prose, dans le tome 14, pour le mois de juin-juillet-août 1908, il y a de cela un siècle. En un siècle venait donc à se perdre des textes ni supérieurs à d’autres mais certainement pas inférieurs.
Cette disparition des oeuvres semble à la fois arbitraire et regrettable, surtout quand un autre texte, un peu plus tardif, raisonne de manière assez similaire et reste, lui, bien ancré dans les mémoires, La Mer de Charles Trénet.
Les textes n’ont que le motif général et quelques mots en commun mais une même impression semble s’en dégager. Les voici donc :
Tout le soleil
dans le double miroir du ciel et de la mer,
et, sous un tiède voile d’éther,
des courbes de golfe où se courbent des lames,
de longs caps tendus vers les barques ailées...
Un toit rouge éclate, en soudaine flamme,
aux pentes grises des oliviers ;
le liquide azur s’allume
du vif-argent des écumes ;
l’âme des pins s’évade, envolée...
Et, du rivage à son lointain palais marin,
il s’est ouvert, le Soleil souverain,
pour sa royale marche au rythme égal -
dans un continent écroulement
de perles et de diamants -
toute une large voie étincelante et triomphale.
++++
La Mer, Charles Trénet
La mer
Qu’on voit danser le long des golfes clairs
A des reflets d’argent
La mer
Des reflets changeants
Sous la pluie
La mer
Au ciel d’été confond
Ses blancs moutons
Avec les anges si purs
La mer bergère d’azur
Infinie
Voyez
Près des étangs
Ces grands roseaux mouillés
Voyez
Ces oiseaux blancs
Et ces maisons rouillées
La mer
Les a bercés
Le long des golfes clairs
Et d’une chanson d’amour
La mer
A bercé mon cœur pour la vie
Le poème d’Emile Cottinet s’ouvre sur une image d’harmonie très picturale, à travers les jeux de lignes et de courbes.
Mais au-delà de l’harmonie, c’est la puissance splendide du paysage que le poète veut retranscrire. Explosion de couleurs, transformation des éléments en lumières et joyaux, accumulation des adjectifs mélioratifs.
Variation autour du somptueux de la nature.
En même temps, ce somptueux n’est pas l’écrasant : voir l’occurrence des termes renvoyant à la légèreté et à l’élévation, au vol : "voile d’éther", "barques ailées", "s’évadent", "envolée".
Ce poème publié dans une revue aux tendances symbolistes, il n’est pas surprenant que les éléments soient l’objet de multiples personnifications, venant traduire ce que cette vue imprime à l’âme de celui qui regarde.
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La Belle Matineuse, Vincent Voiture - commentaire
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