Résistance : renvoie aux mouvements européens, patriotiques, antifascistes. Une réflexions sur l’organisation future du continent est menée par ces mouvements.
But : empêcher la renaissance des conflits.
3 questions centrales :
- rôle de la nation
- place de l’Allemagne
- architecture de la future Europe
Les pays de l’Axe
Résistance allemande
La résistance allemande se développe chez les Allemands en exil à l’étranger. L’Europe est analysée comme la condition d’une restauration nationale.
- membres de la [rouge]section paneuropéenne allemande[/rouge] réfugiés en Suisse dès 1934 : favorables à une Europe fédérale, alliée des Etats-Unis (inspiration des modèles fédéralistes suisse et américain).
- [rouge]Thomas Mann[/rouge] : dénonciation du détournement de l’idée européenne par le nazisme → se réclame d’une Allemagne européenne et non pas d’une Europe allemande.
Il prône une confédération d’Etats libres, un Commonwealth de peuples indépendants.
- [rouge]Heinrich Mann[/rouge] : envisage une union franco-allemande suivie d’une alliance avec l’URSS.
Pour lui, l’unification de l’Europe incombe à la France.
- [rouge]Ernst Jünger [/rouge] : construction d’une Europe chrétienne.
- [rouge]socialistes allemands[/rouge] réfugiés à Londres en 1944 (dirigés par Willy Brandt) : appel à une Europe fédérale dans l’esprit d’un « socialisme raisonnable ».
- [rouge]Hermann Britt[/rouge] : résistant déporté à Buchenwald.
Engendrera le Manifeste de Buchenwald : Celui-ci en appelle à la reconstruction de l’Europe, dans laquelle l’Allemagne serait partie prenante.
→ Situation paradoxale des résistants allemands : l’Europe qu’ils espèrent ne peut venir que d’une défaite allemande.
++++La résistance italienne
- mise en avant du thème de la guerre civile européenne : revue Nations unies (revue de la société mazinienne publiée depuis Londres), mouvement Justice et liberté.
- Programme d’action : publié en juin 1941 par des dirigeants du Parti d’Action → Pour eux, une fédération européenne est la condition d’une révolution démocratique.
→ La solidarité européenne est vue comme un moyen de redonner une place aux Italiens en Europe.
→ Dans les pays de l’Axe, l’Europe équivaut à une solution possible de redressement. Ceux qui se réclament de l’Europe mettent plutôt l’accent sur le fédéralisme.
Les démocraties européennes
Résistances et organisation de l’Europe
D’une manière générale, les mouvements de résistance pensent que le nationalisme est une impasse.
Pour [rouge]Henri Frenay[/rouge], les résistants européens ont la mission de construire une Europe unie reposant sur la liberté, l’égalité et la fraternité : ainsi, la construction de l’Europe obéit au même esprit que celui de 1789 dont elle est le prolongement.
L’idée se développe que les frontières sont insupportables et inadaptées aux économies modernes : leur suppression n’entraîne en aucune manière la disparition des peuples.
Certains milieux résistants espèrent que l’Angleterre prendra la tête d’une Europe unie au lendemain de la défaite allemande : c’est le cas de [rouge]Paul Henri Spaak[/rouge].
++++Résistance et fédéralisme européen
- Angleterre : dans les années 1930, une partie de l’intelligentsia britannique préconise une approche fédéraliste pour sauver la paix en Europe.
Par exemple [rouge]Lord Davies[/rouge], promoteur du concept de new Commonwealth. Il fait du fédéralisme un des piliers de la paix.
La Federal Union préconise la création de 2 fédérations : une fédération mondiale et une fédération européenne.
- France : aspirations européennes fédéralistes dans la presse clandestine non communiste (Francs-Tireurs, Libération, Défense de la France).
- Italie : Manifeste de Ventotene (1) en faveur d’une Europe unie, rédigé par [rouge]Altiero Spinelli[/rouge] et [rouge]Ernesto Rossi[/rouge] en 1941.
ils attribuent à l’État national la cause de la guerre et déclarent comme priorité stratégique pour l’après-guerre la lutte pour la fédération européenne plutôt que la transformation de l’État national.
Des mesures radicales sont proposées : gouvernement fédéral responsable devant les peuples européens (et pas devant les gouvernements des Etats-membres), armée européenne remplaçant les armées nationales, droit d’intervention.
- Déclaration des résistances européennes, 1944 : le manifeste de Ventotene a contribué au lancement d’un mouvement en faveur du fédéralisme européen. Il est à l’origine de la Déclaration des résistances européennes, élaborée en 1944 à Genève par les représentants de 9 pays.
Ce manifeste pose que les guerres européennes sont dues à l’existence de 30 Etats souverains en Europe. Une solution proposée est l’union fédérale, qui permettra de réintégrer le peuple allemand, de résoudre le problème des minorités nationales, et de régler définitivement le problème des frontières.
Est déjà mise en avant la nécessité du principe de supranationalité. On voit également une adéquation entre l’idée d’Europe et l’idée de paix (comme dans les années 1920).
Plusieurs objectifs aux projets fédéralistes :
- protéger l’Europe de nouvelles guerres
- détourner de la divinisation de l’Etat-Nation
- renforcer le sentiment d’appartenance à une civilisation européenne
→ Une organisation fédérale remplacerait efficacement la SDN dont le fonctionnement intergouvernemental a été un échec. La fédération est un gage de la sécurité en Europe.
→ La résistance communiste ne partage pas les idéaux des fédéralistes.
Le recul du fédéralisme : d’une façon générale, les aspirations fédéralistes tendent à reculer chez les adversaires de l’Allemagne au fur et à mesure que la guerre se prolonge : hostilité de l’URSS, opposition de la résistance des petits pays, affirmation prédominante des intérêts nationaux (nationalisme).
De plus, l’idée fédérale doit compter avec l’idéal mondialiste (voir notamment la construction des Nations Unies). Cela occasionne un recul du fédéralisme, qui n’a jamais constitué un mouvement fort pendant la guerre, sauf chez les résistants italiens.
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