Décidément, je suis une proie facile, mon humeur toujours entre-deux, Prisonnier des passages : Passage des Panoramas, passage piéton, Passage Jouffroy.

J’avance vers cette arche nouvelle.

J’ai l’impression du poisson qui remonte à contre-courant. Pourtant l’on m’invite à visiter, et dans toutes les langues. Etranger à moi-même, oui aujourd’hui : les galeries, las galerias, the gallery. Je choisis "las galerias", oui quelle galère, embarqué à déambuler.

Enfin, la voie est libre ; et j’ai rapetissé au milieu des maisons de poupée... Bientôt peut-être une tasse géante, un lapin ? Vais-je me sentir soulevé en même temps que j’apercevrai une main, par transparence, saisir la poignée de ce passage miniature ?

C’est bien ça, Hansel et Gretel, les Frères Grimm, dans sa version luxueuse, boisée et dorée. Mais le chemin de verre me montre un havre éventuel - ça y est, je suis entre la Chine et le Tibet, la Chine fantasmée, celle de Tintin, des sommets neigeux et de l’opium.
Avant, passer ces mains crochues ; lumières boussoles dans cette après-midi sens dessus-dessous.

Tout le monde est parti, on me laisse seul, les devantures ont fermé. Combien de temps est-il passé ? Je tangue un peu quand des pensées informulées mais grises remontent devant mes yeux éblouis.

Faut-il traverser le miroir ? Mise en abyme d’un encadrement de porte dans une enseigne en hauteur. Rectangles démultipliés, le piéton banal est devenu peinture à l’huile. Je souris pour la première fois de la journée. Devant moi, la suite.
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