Aujourd’hui, la liberté de la presse - et son corollaire, le droit des citoyens à l’information - est considérée avec le droit de vote et le respect des droits de l’Homme, comme la pierre angulaire de la démocratie. Aucune vraie démocratie ne saurait exister sans ces trois éléments. Si la liberté d’opinion et la liberté de la presse nous apparaissent aujourd’hui comme des évidences, on a souvent tendance à oublier que l’obtention de cette liberté a été le fruit d’un long combat, qui n’est pas terminé. En effet, tous les prétextes sont bons, en Europe et ailleurs, pour tenter de limiter la libre expression des idées et notamment la critique de l’action publique. La liberté d’opinion et sa libre-expression sont loins d’être des acquis dans le monde. Retour sur la première étape de cette longue lutte pour la liberté, pendant la Révolution française.
La Révolution française marque une étape décisive dans l’évolution de la presse en France. En effet, depuis sa naissance sous Louis XIII au XVIIème siècle (1), la presse française s’est peu développée, à cause de la sévérité du contrôle politique, matérialisé par la censure. Avant 1789, la presse française est bien loin d’avoir le rôle et l’importance qu’elle a revendiqué par la suite. Sous tutelle du pouvoir, elle a néanmoins beaucoup progressé au XVIIIème siècle.
En 1789, la liberté de la presse n’existe légalement qu’aux Etats-Unis. En Europe, la presse n’est nulle part libre, y compris dans les régimes constitutionnels. L’Angleterre a aboli la censure en 1695 et le régime est tolérant aux Provinces-Unies (2). Pour autant, les journalistes n’y sont pas à l’abri d’ennuis divers et de poursuites judiciaires.
La Révolution française a été à l’origine d’une révolution du journal, à la fois politique, juridique et culturelle. On assiste à une véritable explosion des productions périodiques. De 1789 à 1800, près de 1.500 nouveaux titres paraissent en France : c’est plus qu’il n’en a jamais existé sous l’Ancien Régime.
Mais ce n’est pas tout. La nature, la fonction et le rôle que la presse s’assignait à elle-même prennent également un autre sens : la presse sous contrôle se veut contre-pouvoir, le journaliste se fait tribun, homme politique et militant. Le journalisme devient une arme.
Plan
I. De l’ancien au nouveau régime de la presse
A] Ancien régime et presse
B] “Lumières” et presse
C] La conquête de la liberté de la presse
II. Une nouvelle presse : 1789 – 1792
A] L’explosion de la presse
B] La presse d’opinion
C] Les tentatives de limitations de la liberté de la presse
III. Le “quatrième pouvoir”
A] La fin de la presse libre : interdictions et législation
B] La presse : instrument de propagande
C] La redéfinition du rôle du journalisme
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