« Faire Part » en est un, en quelque sorte. L’annonce d’un évènement, celui d’une revue-livre entièrement dévolue à un auteur qu’elle va embrasser de ses pages attentives pour nous livrer une autre vision de l’œuvre, de l’homme. D’un homme, d’une œuvre.
Ce dernier numéro de Faire Part accompagne celle de Jean-Michel Maulpoix. Est-il besoin de présenter le poète ? Peut-être encore un peu, tant les contributions abondent. Toutes attentives à cerner au plus près, avec respect et attention, chaque thème, chaque accroche auxquels les intervenants tour à tour donnent vie. Et quels intervenants… Nous retrouvons ici les grands noms de la critique contemporaine, Michel Collot, Jean-Baptiste Para, des poètes, évidemment, et non des moindres, Yves Bonnefoy, Jacques Dupin, Jacques Réda, Esther Tellerman, Michel Deguy, Antoine Emaz, Jean-Yves Masson ou James Sacré, enfin, en testament d’amitié, Martine Broda et Claude Esteban. Des interventions coup de cœur aussi, de séduction. Théoriciens et amis, admirateurs et mentors. Tous réunis dans ce vœu d’étude et de discernement.
Notion d’étude et d’accompagnement donc, mais pas seulement. La présentation est sublime, le regard se brume par l’accompagnement progressif des entités sombres dessinées, reprend son souffle en couverture éclatante de bleu, la main caresse l’épaisseur lisse et douce, l’esprit vagabonde. Puis revient sur le contenu. Arrêté par telle silhouette, tel titre, telle interrogation. Et à nouveau aspiré par des entités détachées/imbriquées, les « vignettes adressées » de Werner Stemans, les représentations de Dominique Penloup, d’Anne Slacik, les fils en liaison de Michel Duport, enfin les paysages sombres de Christophe Avella Bagur, ceux de Christian Gardair qui signe aussi, en inversé, la couverture de lumière. Henri Michaux, aussi, œuvre sur le papier.
Voyage intérieur, la revue-livre mérite la qualification de livre d’art : elle ouvre le chemin à l’imagination mais offre la réflexion, par petits pas. Elle tresse des chemins de lecture en spirales artistiques, appuie son expérience et son remerciement en un volume épais, délicat en lecture, profond d’enseignement. Plus encore, elle se lit de liaison par la ponctuation picturale, souffle et pause, envoûtement et crainte.
« Critique », elle l’est ainsi dans sa volonté de restituer avec la plus complète fidélité, voire complicité, les progressions, les attitudes, les balancements et les rythmes. Le bleu du livre comme de la critique nous livrerait presque l’homme derrière le poète, le poème derrière l’homme, la poésie, l’art.