Biographie
Homme politique (1862 – 1932)
Militant socialiste
Il a été 25 fois ministre (en particulier ministre des Affaires étrangères) et 11 fois président du Conseil entre 1909 et 1929 (et notamment de 1915 à 1917, puis de 1921 à 1923)
Ardent pacifiste et partisan d’une politique de réconciliation avec l’Allemagne, il signe les accords de Locarno (1925) et a été l’un des animateurs de la SDN. Prix Nobel de la paix 1926.
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Briand et la guerre
La conduite de la guerre étant demeurée sous contrôle parlementaire, Briand (président du Conseil de 1915 à mars 1917) a joué un rôle dans les décisions militaires. Il est profondément marqué par l’épisode sanglant de Verdun, dont il assume en partie la responsabilité. Il a été partisan d’engager des pourparlers avec l’Allemagne → échec.
Ayant connu la guerre, la question de la paix est centrale pour lui et les hommes de sa génération. En 1919, il est écarté du pouvoir, du fait de son antagonisme avec [rouge]Clemenceau[/rouge], redevenu président du Conseil. Il redevient président du Conseil en 1921 – 23.
En 1921, il est toujours partisan d’une stricte application du traité de Versailles. Il change de position entre 1921 et 1923. Pour cette raison, il cède la présidence du Conseil à [rouge]Poincaré[/rouge] en 1923 (partisan d’une stricte application du traité).
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La conversion à l’Europe
Ele a lieu lors de la conférence de Washington à l’automne 1921. C’est à la suite de cette conférence qu’il adopte une position de compromis sur l’application du traité de Versailles : découverte de l’Amérique, prise de conscience de la puissance américaine, et plus généralement de la puissance des puissances extra-européennes (Japon, Russie)
→ L’Europe, affaiblie par la guerre, va devoir compter avec ces nouvelles puissances.
Ayant laissé sa place de président du Conseil à [rouge]Poincaré[/rouge] en 1923, Briand occupe le poste de délégué de la France à la SDN. Il occupe également le ministère des Affaires étrangères entre 1925 et 1932. C’est dans ce cadre qu’il est amené à avancer l’idée d’une nécessaire construction européenne. Lors de la conférence de Locarno en octobre 1925, il évoque une « Europe accomplissant son destin » et déclare : « Nous avons parlé européen ». En 1926, Briand accepte la présidence d’honneur du mouvement Paneurope de [rouge]Coudenhove-Kalergi[/rouge].
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Le discours du 5 septembre 1929
Quand Briand prononce ce discours à la 10ème assemblée de la SDN, il est ministre des Affaires étrangères.
Idées :
- Il propose « une sorte de lien fédéral » entre les pays européens, mais « sans toucher à la souveraineté d’aucune des nations ». Nécessité d’ « établir un lien de solidarité ».
- Il faut commencer par l’économie pour construire l’Europe : « L’association agira avant tout dans le domaine économique, c’est la nécessité la plus pressante. »
- Il évoque la notion de continuité géographique : « des peuples qui sont géographiquement groupés comme les peuples d’Europe »
Il évoque les « circonstances graves » qui pourraient mettre en danger la paix (→ le pacifisme est au coeur de l’européisme).
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Le mémorandum Briand (mai 1930)
A la demande des délégations qui ont entendu le discours du 5 septembre 1929, Briand est chargé officiellement de préparer un mémorandum, adressé à tous les pays membres de la SDN. Texte assez court.
Préambule : état des lieux du continent européen, sentiment d’un danger pour la sécurité européenne, idée qu’il existe une civilisation en Europe et que cette civilisation commune justifie de construire un système de solidarité, affirmation d’une Europe qui se veut ouverte sur le monde.
Propositions :
- Etablir un régime permanent de solidarité entre les pays d’Europe. Cette construction ne devra pas porter préjudice à la SDN (pas de rivalité dans le champ de compétence).
- Signer un pacte affirmant le principe de l’union morale européenne.
- 3 organismes sont prévus :
- Conférence européenne = organisme représentatif, en lien avec la SDN.
- Comité politique = organisme exécutif. Il pourrait se mettre au service de la SDN
- Secrétariat permanent
→ Structures copiées sur la SDN.
- Priorité donnée au politique sur l’économie (à la différence du discours de septembre 1929) : l’effort constructeur doit d’abord se porter sur l’économie (problème des minorités nationales)
- Organiser l’économie : créer un marché commun, élever le niveau de bien-être des Européens.
Tous les pays européens membres de la SDN sont invités à répondre à ce mémorandum.
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Réponses au mémorandum Briand
Des réponses parviennent, qui sont analysées en séance de la SDN, le 10 septembre 1930, lors de la 11ème assemblée de la SDN. Par rapport à l’année passée, la conjoncture a changé. En Allemagne : mort de [rouge]Gustav Stresemann[/rouge], remplacé aux Affaires étrangères par [rouge]Curtius[/rouge], farouche tenant de la révision des traités de 1919. Pour lui, le projet Briand est une forme d’hégémonie française (idem pour l’Angleterre). Briand intervient pour analyser les réponses qui sont parvenues :
- Tous les gouvernements reconnaissent la nécessité d’une coopération européenne et manifestent la volonté de ne rien faire qui pourrait fragiliser la SDN (souci d’une intégration européenne dans la SDN).
- Problème des liens avec des régions en marge de l’Europe : d’aucuns soulignent que le projet devrait concerner des Etats non membres de la SDN : l’URSS (pour l’Italie), la Turquie (pour la Grèce).
- Tous les pays affirment la souveraineté et l’indépendance des Etats : seuls les Pays-Bas envisagent des restrictions à la souveraineté dans certains domaines.
- Les vaincus soulignent que la solidarité à construire devrait faire disparaître les démarcations entre vaincus et vainqueurs.
Les divergences portent sur les structures :
- Un certain nombre de pays (dont l’Italie) souhaitent des structures minimales.
- Divergences sur le comité permanent (question de l’égalité entre Etats).
- La plupart des gouvernements reconnaissent l’interdépendance entre économie et politique, mais n’entérinent pas la subordination de l’économie au politique. C’est avant tout dans le domaine économique qu’une coopération est urgente et souhaitable.
- Divergences sur la nature de la coopération politique : réduction des armements (Danemark), arbitrage international (Luxembourg), révision des traités de 1919 (Allemagne).
→ Ces réponses sont mises en débat. Celui-ci porte essentiellement sur les questions économiques + question de la relation avec les Etats-Unis et l’Amérique latine. Au terme des débats, la SDN décide de créer un comité d’étude. Intitulé officiel = Commission d’étude pour l’union européenne (CEUE).
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La CEUE
La Commission d’étude pour l’union européenne se réunit jusqu’en septembre 1932, sous la présidence de Briand. Elle commande un certain nombre d’études et de rapports.
Convocation de 3 conférences agricoles : possibilité d’accords agricoles entre Europe de l’Ouest et de l’Est, gestion commune des surplus agricole, question du crédit agricole.
1931 : crise financière et bancaire. La commission focalise ses études sur la crise. Elle propose des projets de grands travaux européens (autoroutes, interconnexions entre fleuves), la stabilisation des tarifs douaniers, la création d’une bourse du travail européenne, l’organisation du marché du travail, et, dans le domaine financier, la création d’une banque paneuropéenne. Modèle = Etats-Unis. Idée que l’Europe est victime de son fractionnement territorial. Il faut créer un vaste marché. Résultat = échec. En septembre 1931, plus personne n’y croit : les Allemands et les Japonais demandent la dissolution de la CEUE.
1933 : victoire d’Hitler en Allemagne → redéfinition de la politique européenne. Mort des mouvements européistes tels qu’ils s’étaient développés dans les 1920’s.
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