Le premier texte est tiré de la partie Jadis quand le second est tiré de la partie Entre-Temps.
A moi mélancolie*
J’avais laissé encor sans doute
Vagabonder mes yeux dans les nues
Quand je vis une jeune fille
Passant dans l’ombre de la rue
La tache du soleil fleurissait
L’aube de ses cheveux défaits
J’aurais voulu lui dire "adieu"
Pour ne jamais l’avoir connue
Victime des sorts capricieux
Elle disparut à ma vue
La tache du soleil s’ennuyait
Sur le trottoir abandonné
À moi mélancolie, ce soir
Le fil de toutes ces histoires
Que l’on a vécues quelques heures
Juste de quoi laisser rêveur
Il s’en est perdu des étés
ô ma mémoire enrubannée
Une retrouvaille d’un jour
Où l’on n’avait plus guère d’amis
Le souvenir d’un carrefour
Où l’on voulut qu’elle sourît
Toutes présences évanouies
Qui vous frôlent et puis s’enfuient
Aux autres je laisserai
Le rythme fort et les cadences sans répit
Des jours de gloire et d’euphorie
Je leur laisse la danse des ivres morts
Je me coucherai sur mon lit
Et puis qu’ils prennent soin
De propagande, des idées à couteaux tirés
Ou bien du bel espoir
Que l’on voit naître dans le noir
C’en est fini du citoyen
Je ne penserai plus à rien
Jérôme Huet,
*mis en musique par l’auteur
Tous droits réservés
Jours lointains…*
Jours lointains
Serrements de mains
Dans la pâleur du départ
Tes baisers
Nez contre nez
Ce regard de l’au revoir
Je me traîne
Où l’on m’emmène
Je m’emporte et je m’égare
Déchirures
Engelures
Qu’il fait froid dans cette gare
Un café
Le long du quai
Sans bien savoir trop quoi dire
L’importance
L’indécence
Se démènent et me chavirent
Les mots sonnent
L’âme tonne
Tant de choses à découvrir
A chercher
A étrenner
Et des nouvelles à écrire
Sans retour
Le temps court
Tout deviendra plus facile
Après l’âge
De ces pages
De déboires et d’idylles
J’ai tant peur
De ce bonheur
Quotidien et présénile
Mon Dieu faites
Que l’on reste
Malappris et malhabiles
L’invisible
Notre bible
Se défeuille comme un tremble
Une trace
Sur l’espace
Mon oeil veille et ma voix tremble
Ton visage
Quel voyage
On s’y perdrait, il me semble
Je l’admire
De prédire
Des journées qui me ressemblent
Comment faire
Pour se taire
On n’est plus bien habitués
Au silence
Qui s’élance
A sentir et à flairer
Trop de mots
Sans écho
Dans nos mains se sont fanés
Il nous reste
Peu de gestes
Que nos voix n’aient déflorés
D’autres aussi
Déjà partis
Que d’absences et que d’histoires
L’ami Pierre
En Angleterre
Qu’il me tarde de le voir
Pour se prendre
Et entendre
La musique de ces soirs
Qui m’envoûte
Que j’écoute
Serpenter en ma mémoire
Feuilles mortes
Que mes portes
Restent larges et passantes
J’imagine
Je dessine
Les ébauches invitantes
De destins
Aux refrains
Resurgis pour que je chante
Sur mon mât
Le vent bat
La vie m’est bouleversante
Cette route
Et les doutes
Qui la bordent de montagnes
Fait des bonds
A l’horizon
Sous le ciel qui m’accompagne
Où qu’elle passe
Je la trace
Que je perde ou que je gagne
Je le dis
C’est ici
Qu’est le pays de cocagne
Une terre
De mystère
De violences et d’émoi
Forêt vierge
Sur les berges
Du pays où je suis roi
Vers ses branches
Mon corps penche
Tout mon être maladroit
Que déverse
Et bouleverse
La douceur de ce chant là
Jérôme Huet,
*mis en musique par l’auteur
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